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Fongicides pommes de terre Se préparer à la fin du mancozèbe

Après une campagne à faible pression mildiou, 2021 sera une année de transition sur le marché des fongicides pommes de terre, avec la disparition annoncée du mancozèbe.

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La molécule était sous pression depuis quelques années. Le couperet est tombé en octobre 2020. C’est désormais une réalité, l’homologation du mancozèbe par l’Union européenne n’a pas été renouvelée. Or les produits qui en contenaient représentaient l’an dernier plus de 26 % des hectares déployés. « Il est difficile d’anticiper la campagne, car nous n’avons pas encore de précision sur les délais de grâce qui pourraient être octroyés pour la vente et l’utilisation des produits qui contiennent du mancozèbe », reconnaît Aliette Collette, d’UPL.

2021 fera en tout cas suite à une année à faible pression mildiou. « Les conditions climatiques de 2020 n’ont pas été favorables à la maladie », reconnaît Guillaume Guépet, de Corteva. Malgré une augmentation des surfaces implantées en pommes de terre de 10 000 ha, les surfaces déployées sont passées de 2,5 Mha en 2018 à 2,2 en 2019 et 1,95 Mha en 2020. « Nous avons perdu en moyenne plus d’un passage par rapport à l’an dernier », précise Johanny Guinaudeau, de FMC. Le nombre moyen de traitements avait déjà baissé en 2019, il vient encore de reculer sous la barre symbolique des 10 traitements, à 9,2. Il y a trois ans, 80 % des surfaces avaient été protégées plus de dix fois, en 2019, ce chiffre était tombé à 66 %, et en 2020, à 49 %. L’investissement moyen à l’hectare a baissé à nouveau, à 226 €/ha, contre 262 en 2019 et 285 €/ha en 2018.

Le mancozèbe est toujours la première substance active utilisée en France, mais elle a reculé, passant de 600 000 ha en 2019 à 450 000 ha en 2020, et UPL en a assuré 60 % des ventes. Les produits de contacts élaborés ont représenté 693 000 ha, dont 319 000 ha pour Ranman Top et 230 000 ha pour les fluazinam solo (250 000 ha fluazinam solo et associés). Viennent ensuite les produits haut de gamme, avec en tête Rêvus. Malgré une année à faible pression mildiou, la nouveauté Zorvec Active est le produit qui a le plus progressé. « Nos ventes ont augmenté de 40 % », précise Guillaume Guépet. « Si les contacts simples et les pénétrants ont fortement reculé, la part des fongicides haut de gamme est restée stable », constate Bertrand Boulet, de Belchim.

« Le mancozèbe s’utilise encore beaucoup bien que son prix, RPD (redevance pour pollution diffuse) comprise, ait bien augmenté et se situe aujourd’hui autour de 20 €/ha, analyse François Sénéchal, de Syngenta. Alors que depuis dix ans, le prix du fluazinam a été divisé par deux, autour de 12 €/ha. » C’est le Nord-Pas-de-Calais qui utilise le plus de mancozèbe. Dans les autres régions productrices de pommes de terre, l’écart avec les autres produits est moins important.

Une demande vers les autres matières actives

« Pour 2021, les surfaces de pommes de terre devraient baisser de 5 à 10 % », estime Mathilde Goubier, de Bayer. « L’arrêt du mancozèbe va créer une demande vers les autres matières actives », remarque Vincent Billon, de BASF. « Il faudra aussi être vigilant vis-à-vis des risques d’apparition de résistances », ajoute François Sénéchal. À ce titre, Arvalis conseille de ne plus utiliser le fluazinam solo mais associé. « Avec la fin du mancozèbe, on peut aussi se poser la question de résurgence de l’alternaria, ajoute Johanny Guinaudeau. Il va falloir réfléchir à d’autres stratégies de protection du feuillage. »

Après le lancement de Zorvec l’an dernier, la campagne 2021 voit arriver très peu d’innovations, si ce n’est le recentrage des gammes sur les produits sans mancozèbe. On attendait l’arrivée d’un premier produit de biocontrôle pour cette campagne chez De Sangosse, mais il faudra attendre un an de plus.

Côté entreprises, Belchim Crop Protection reste toujours à la première place sur le marché des fongicides pommes de terre en végétation, avec 23,2 % de part de marché, suivi par Syngenta, 17,2 %, UPL, 16 %, et Corteva, 13,5 %. Viennent ensuite Bayer et BASF, 5 %, Gowan, 4,5 %, FMC, 4 %, Adama, 3 %, Philagro, De Sangosse et Phyteurop.

Blandine Cailliez

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